Friday, November 10, 2006

La nostalgie de l'ange - Alice Sebold

Je suis encore sous le choc de la lecture de ce livre. Mon estomac est encore noue et mes entrailles retournees, d'une "bonne" maniere, a la "c'est si fort que ca fait mal".

La narratrice est Susie Salmon, qui a 14 ans et aura toujours 14 ans, puisqu'elle a ete violee et tuee par un voisin. Elle raconte son histoire depuis son paradis, d'ou elle veille sur sa famille, ses amis et son meurtrier, dans les annees qui suivent sa mort.

C'est sombre et pourtant c'est magnifique, l'ecriture de Sebold est d'une beaute et d'une sensibilite superbes. C'est une histoire d'amour et de vie, de vies secouees, d'amours brises, d'amours trouves, d'amours qui soignent. Une histoire au fil de laquelle apparait la force d'endurance de l'amour et de la vie, envers et contre les traumatismes dont on pensait qu'ils nous laisseraient ravages pour toujours. Sebold a cree des personnages qui hantent longtemps, leur donnant ame, chair et os. Elle ne cede jamais a la facilite des cliches mais reconnait au contraire les parts de force et de faiblesse qui sont en chacun et raconte avec beaute comme il n'est qu'humain de lutter avec ses souffrances.

Mon estomac en est toujours retourne...

Tuesday, October 24, 2006

Femmes en Iran

Mieux vaut tard que jamais, j'ai enfin lu la saga de 4 BD de Marjane Satrapi, Persepolis, dans laquelle elle retrace l'histoire de l'Iran a travers le prisme de sa propre experience, en tant qu'enfant soudain recouverte d'un voile noir, adolescente troublee en proie a une crise d'identite et femme en butte contre la repression mysogine d'un regime fondamentaliste qui se pose en precurseur de cette autre repression extreme jusqu'a l'absurde imposee par les taliban en Afghanistan avant l'invasion americaine.

Satrapi continue son exploration de la condition feminine en Iran dans Broderies, une attachante ode d'amour aux femmes de sa famille et a leur courage, leur humour et leur grace sous la repression. Enfin, son Poulet aux prunes offre un conte infiniment emouvant et tendre qui nous plonge dans la psychee intime d'un de ses oncles, grand musicien dont la vie et la mort sont marquees par un amour contrarie, l'histoire la plus universelle qui soit magnifiee sous le trait de Satrapi.

Au hasard des etageres de ma bibliotheque, je suis tombee sur Lire Lolita a Teheran d'Azar Nafisi, parfaite excuse pour continuer mon exploration sur la vie des femmes iraniennes. Ce livre commence comme une sorte de memoires d'une enseignante de litterature en Iran, mele a des reflexions passionnees et pertinentes sur les oeuvres de Scott Fitzgerald, Henry James ou Jane Austen. Puis il evolue en recit plus personnel de sa vie et de celle de ses etudiantes, en particulier celles qui viennent chez elle dans le cadre d'un club de lecture clandestin baptise avec humour les "amies de Jane (Austen)".

Le rapport entre individu et societe sert de toile de fond a un recit dans lequel l'auteur dresse de beaux portraits de femmes. Elle rend hommage a l'integrite et au courage de celles qui resistent tout en vibrant d'indignation lorsque l'usure quotidienne exercee par le regime iranien finit par briser quelque chose en elles. Nafisi ecrit avec respect, intelligence et nuance, afin d'eviter de tomber dans la facilite. Ainsi, elle veille a pointer les defauts de la societe occidentale, revee en modele de vie ideal par l'une de ses etudiantes, mais elle souligne egalement la souffrance d'une autre de ses etudiantes, profondement religieuse, devant la maniere dont sa decision de porter le voile se retrouve vide de son sens lorsque le regime rend son port obligatoire. Car comment sa decision, porteuse d'un engagement personnel et moral, garderait-elle toute sa valeur lorsque le port du voile est impose a toutes les femmes qui doivent s'y plier, que cela corresponde a leur choix ou non?

En refermant ce cycle iranien, j'ai ressenti une fois encore a quel point la fiction (et l'art de maniere plus generale) est inestimable lorsqu'elle permet de rapprocher, de faire comprendre et de susciter l'empathie pour des vies si eloignees de la notre, en leur donnant chair et ame.

Friday, October 20, 2006

Never let me go - Kazuo Ishiguro

Never let me go... ou Aupres de moi toujours pour la traduction francaise - traduction, trahison, le metier de traducteur n'est pas facile, il y aura toujours des mecontents et en l'occurence, je dois l'avouer, le titre francais me semble empese et artificiel alors que le titre original est d'une legerete et simplicite qui en font toute sa beaute.

Beau titre (original) donc - Ne me laisse jamais partir pour la traduction litterale - duquel s'echappe des murmures languissants et melancoliques, et beau livre. C'est difficile pour moi de parler du dernier roman de Kazuo Ishiguro, non parce que sa lecture ne m'aurait pas inspiree, bien au contraire, mais parce que je trouverais dommage de disperser un tant soit peu de son mystere et ruiner la decouverte de l'histoire poignante de Kathy H. et ses amis. Je sais, il y a beaucoup de critiques du livre qui ont deja devoile l'intrigue, mais c'est juste au cas ou vous auriez reussi a en etre preserves...

Ce que je peux dire en revanche, c'est a quel point j'ai ete emue par ce roman. C'est une histoire d'innocence perdue, d'identite confuse, d'amours egares, et de vie... La vie dont on reve, la vie qui est la notre et avec laquelle on se debat, la vie qui se deroule comme elle le fait presque a notre insu...

Il y a aussi la vie dont Kathy et ses amis ne peuvent s'echapper pour une raison qui devrait provoquer en vous l'effroi, le desarroi et la tristesse, ainsi que de nombreuses questions sur la science, la responsibilite et le choix.

En tout cas, j'ai hate de continuer a explorer le monde plein de subtilite, de finesse et d'empathie qui est celui de Ishiguro.

Monday, October 02, 2006

Il n'y a pas beaucoup d'etoiles ce soir - Sylvie Testud

Premier roman de l'actrice Sylvie Testud, Il n'y a pas beaucoup d'etoiles ce soir nous offre de droles (de) chroniques sur la vie d'une fille (un peu) comme les autres qui se trouve etre actrice. Alors, elle se retrouve dans des positions extravagantes, nue contre un quasi-inconnu egalement nu, pour lequel elle doit se transir de passion sur commande, nue toujours a se faire maquiller les fesses par une quasi-inconnue soudainement tres intime, pas nue (bah non, pas toujours quand meme!), habillee donc et intimee de sauter de trois etages de haut pour un film et se rebellant pour defendre sa vie contre cet ordre dont personne-sauf-elle ne realise l'insanite. Il y en a encore d'autres, comme ses efforts pour faire semblant de marcher normalement alors qu'elle doit calibrer ses pas pour les poser entre les rails qui permettent a la camera de glisser en un superbe travelling et l'insondable deception que ses efforts passent inapercus du public, son ebahissement a se faire preter une robe-de-haute-couture a elle, ELLE, princesse d'un soir avant de redevenir une Cendrillon qui sait apprecier la douceur d'un verre de vin avec sa concierge...

Chroniques douces-ameres, droles et acerbes, mais droles avant tout. Le regard est vif, comme la plume. Le tout donne un livre extremement attachant, la preuve, on ne le lache pas! Et on regarde l'actrice d'un autre regard, et la prochaine fois qu'on la verra marcher l'air de rien lors d'un travelling, on saura. Sylvie, on saura tous les efforts que tu auras fait pour marcher pile entre les rails et on se pamera d'admiration.

Thursday, September 28, 2006

Paroles, paroles...

Faire un clip montrant les paroles de la chanson. Une idee simplissime, deux clips excellentissimes. Le realisateur Kim Gehrig se prend un pied d'enfer sur le Do Your Thing des Basement Jaxx tandis que Michel Gondry nous la joue poetique avec une accumulation d'instantanes parisiens pour La tour de Pise de Jean-Francois Cohen.


Wednesday, September 27, 2006

John 2/14 - Shivaree

Shivaree, le groupe ayant le titre d'album le plus cool qui soit avec son premier album intitule I oughtta give you a shot in the head for making me live in this dump, nous rappelle que les contes de fees sont pour adultes. Voir la version sombre et sexy d'un conte de la Saint-Valentin.

Fever - Pink Grease

Tellement mauvais que ca en devient tellement bon... Sheffield est fiere de presenter la Fievre infectieuse de Pink Grease. Si jamais vous avez l'occasion de les voir live, ne la ratez pas. Ils sont aussi tares qu'ils en ont l'air. This is for real...